Du Nikon à l'iPhone, il n'y a qu'un pas.

Samedi 26 Avril 2025 - 20:51

Avant de me mettre à mon compte en 2007, j'ai eu une très longue carrière de photographe amateur, d'abord en argentique, puis le numérique a débarqué avec ses gros sabots et son éventail de nouvelles possibilités. Ma pratique en tant que photographe amateur étant directement liée au porte-monnaie de ma mère, j'ai très vite adopté le numérique. J'étais enfin libre de photographier autant que je voulais, sans avoir à me soucier du prix des films et je voyais le résultat tout de suite, sans avoir à utiliser un Polaroid !

Avec le numérique, j'ai aussi découvert le principe de la course à l'armement : toujours plus de pixels, toujours plus de zoom, toujours plus d'ISO, toujours plus, toujours plus. Au gré de mon argent de poche et de mes premiers salaires de larbin de bureau, je jonglais entre compacts, bridges et smartphones. J'adorais le bridge pour sa polyvalence, cet engin improbable, mi-compact, mi-reflex, avec son zoom colossal qui m'ouvrait des horizons insoupçonnés. J'adorais le smartphone pour son côté tout-en-un qui nous accompagne partout et dont on ne se sépare presque jamais, sa discrétion à toute épreuve, je crois que j'ai eu autant sinon plus de Nokia que de Nikon dans ma vie.

C'est un beau jour de septembre 2007 que j'ai décidé de vivre de ma passion, de troquer mon Nikon Coolpix 8800, un bon gros bridge avec un petit capteur de 8 MP, contre un Nikon D40, le tout premier reflex grand public de Nikon, avec son capteur APS-C de... 6 MP et ses deux objectifs de base, le 18-55 et le 70-300. Ici commence une nouvelle course à l'armement, vous voyez venir le truc...

J'ai bossé huit ans avec Nikon. Dans les boîtiers, j'ai eu : le D40, le D60, le D200, seul boîtier acheté d'occasion avant de me rendre compte que je pouvais avoir le D300 neuf pour cent balles de plus, puis le D300s, le Nikon 1 V1 avec quelques optiques dédiées, un Coolpix P7000 avec son fameux zoom 28-200, le D3200 et pour finir, le D5200.

Dans les optiques, outre les deux culs de bouteilles mentionnés plus haut, j'ai eu le fameux AF-S DX Zoom-Nikkor 17-55mm ƒ2.8G IF-ED, mon fétiche absolu qui m'a accompagné sur tous mes reflex Nikon, le AF-S Nikkor 85mm ƒ1.8G, le AF-S Nikkor 50mm ƒ1.4G, le AF-S DX Micro Nikkor 40mm ƒ2.8G, le AF-S VR Micro Nikkor 105mm ƒ2.8G IF-ED et je crois qu'on a tout.

Ce que je retiens de mon expérience avec Nikon : c'est une marque légendaire, presque aussi légendaire que Leica, dont on va reparler un peu plus bas. Une marque presque aussi chère, aussi. Un reflex Nikon se reconnait de très loin, grâce à sa GRANDE GUEULE, eh ouais, Nikon déteste la discrétion, Nikon, ce n'est pas fait pour la photo de rue, à part le Coolpix P7000 mentionné plus haut. Autres inconvénients : le poids, le meilleur appareil photo, c'est celui qu'on a toujours avec soi, pas celui qu'on a pas envie de se faire chi... à trimballer quand on est pas payé pour. Dans le même registre que le poids, il y a les objectifs interchangeables, si tu veux voyager léger, attends-toi à ne presque jamais avoir la bonne focale pour ce que tu veux photographier . La balance des blancs et même la mesure d'exposition sont tirées au hasard à chaque déclenchement, avec un Nikon, on fait du noir et blanc et de préférence en exposition manuelle.

Le SAV mérite un paragraphe à lui tout seul, puisque c'est la principale raison pour laquelle j'ai claqué la porte de chez Nikon après le D5200. Il y a d'abord l'entretien des optiques, dont le fameux AF-S DX Zoom-Nikkor 17-55mm ƒ2.8G IF-ED. Les bagues de zoom et de mise au point sont, comme sur de nombreux objectifs de nombreuses marques, recouvertes de caoutchouc qui, d'après le SAV, n'est pas collé alors qu'il y a des traces de colle clairement visibles sur le métal ! Toujours est-il que ces rondelles de caoutchouc s'usent et qu'il faut les changer, assez régulièrement pour trouver ça énervant. Pendant les quatre ans de garantie de ce beau cul de bouteille, j'ai dû remplacer deux fois les rondelles. La première fois c'était gratuit, la deuxième fois, toujours sous garantie, Nikon me facture 30 balles, frais de port compris ?! Sous garantie !!

Parlons maintenant du D5200, symbole ostentatoire de la descente aux enfers de Nikon. Ce maudit boîtier avait une fâcheuse tendance à refuser obstinément de fonctionner correctement avec une de mes cartes mémoire en particulier. De manière aléatoire et arbitraire, je devais parfois refaire une photo trois ou quatre fois, pour que le boîtier daigne l'enregistrer sur la carte mémoire, ce qui m'a valu bien des prises de tête avec certains clients qui s'attendaient à recevoir des photos qui n'existaient pas, purement et simplement. J'envoie donc le boîtier au SAV, qui me le renvoie au bout d'une semaine avec un rapport me disant que tout va bien, ce qui est évidemment faux. Mon histoire avec Nikon s'arrête là.

Revenons-en à Leica. J'ai découvert mon premier Leica entre le Nikon D300 et le D300s. Je voulais pouvoir faire de la photo de rue, il me fallait donc un appareil discret et silencieux, tout l'inverse d'un reflex Nikon. C'est alors que Leica sortit le X1, un beau bébé à deux briques, qui ressemblait aux premiers prototypes conçus par Oskar Barnack. Un capteur APS-C avec une focale équivalente à un 35mm ƒ/2.8, une qualité d'image incroyable, une exposition parfaite, des couleurs irréprochables, mais... pas de viseur intégré, un écran illisible en plein soleil et un autofocus plus lent qu'un escargot. Il y avait bien un viseur optique en option (je vous épargne le prix, que j'ai de toute façon oublié depuis), mais le délai de livraison était sans cesse reporté aux calendes grecques. Fatigué, je suis retourné chez Nikon.

Quelques années plus tard, alors que j'étais sur le point de balancer mon D5200 par la fenêtre, Leica sortit le D-Lux (Typ 109), un petit boîtier µ4/3 avec un zoom 24-75 ƒ/1.7 - ƒ/2.8, un beau viseur électronique, un autofocus parfois un peu baltringue, mais très facile à corriger à la main. Je ne l'ai plus lâché pendant neuf ans, jusqu'à ce qu'il montre de sérieux signes de fatigue et que l'iPhone 15 Pro arrive à la rescousse. Cela étant dit, Leica, eux, avaient lâché ce boîtier depuis un bon moment, en remplaçant l'application mobile dédiée par la nouvelle application Leica Foto, qui n'a jamais fonctionné avec le D-Lux (Typ 109). Je me retrouvais donc privé de télécommande pour réaliser mes shootings immobiliers.

Alors, l'iPhone 15 Pro, c'est quoi ? C'est un appareil photo révolutionnaire (merci Steve Jobs !), un système équipé de trois modules photo possédant chacun son propre capteur et sa propre optique, un peu comme ce que Ricoh avait fait avec son fameux GXR, sauf que dans l'iPhone, tout est intégré directement dans le même boîtier, il suffit d'un clic sur l'écran pour changer de module. Un boîtier d'ailleurs certifié IP68, je sais déjà qu'il n'y aura jamais la moindre poussière sur le capteur. Un autofocus hybride imbattable. Un système d'exploitation relativement ouvert (iOS) permettant de rajouter des fonctions à volonté. Très peu de gens le savent et moi-même, je l'ai appris il y a pas longtemps, mais le système d'exploitation Android, racheté par Google, avait été conçu à la base pour les appareils photos numériques, malheureusement, très peu de fabricants l'utilisent.

L'iPhone, c'est aussi la photo HDR en RAW, le seul appareil photo conventionnel que je connaisse, qui soit capable de sortir des images HDR en RAW, c'est le Nikon Z6 III, ça fait pas grand monde. L'iPhone, c'est encore la photographie plénoptique poussée à son apogée, mais je vous raconterai ça dans un autre article.